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102 Mi MÃTHE D'JO, Astarté est le type le plus complet, Isis, Artémis, Anaïtis, peut-être aussi Ariadne, Pasiphaë, Proserpine, c'est-à - dire la lune, adorée sous divers noms dans les cultes na- turalistes de ces siècles reculés; sans compter les dieux mâles et hermaphrodites, dont nous aurons à parler bientôt. Nous voilà bien loin de FIo d'Hérodote. A la place d'une jeune fille séduite ou enlevée, nous trouvons la grande déesse lunaire de l'Asie. C'est là précisément ce qui nous paraît donner une réelle valeur à la tradition que l'his- torien grec nous a conservée. Comment expliquer que la scène de cette histoire ait été unanimement placée à Ar- gos ; que ce mythe astronomique soit devenu un fait hu- main, localisé en un point précis de la Grèce? Là est, ce nous semble, la justification du récit que les sages de la Perse ont fait à Hérodote et l'explication probable de l'élément argien de la légende. Dira-t-on que la scène a été placée en Argolide , qu'Io est donnée comme une jeune Argienne parce que le mythe tout entier est né à Argos? Mais il trahit évidemment, dans sa partie astronomique, une origine étrangère. La science contemporaine remonte jusqu'à l'Inde védique pour expli- quer les conceptions primitives qui se sont symbolisées et incarnées pour ainsi dire dans Zeus et Apollon. Sans aller si loin, ne voyons-nous pas régner en Orient, dans la patrie de Zoroastre, dans les temples de Mithra, de Baal et d'As- tarté, ces mythes et ces rites fondés sur l'observation des phénomènes célestes? L'Artémis grecque, en tant que déesse lunaire, n'est-elle point elle-même venue d'Asie? Si le mythe astronomique d'Io, importé probablement de l'Orient, est devenu une fable argienne, c'est qu'il s'est combiné avec un fait argien ; et cette donnée locale, le récit d'Hérodote nous la fournit. On sait quel rôle a joué la piraterie dans la Grèce pri-