page suivante »
LE MYTHE » ' I 0 . 103 mitive. La marine phénicienne en avait donné les pre- mières leçons. Les enlèvements d'enfants ou de jeunes femmes remplissent les histoires et les poèmes, et dans un grand nombre de cas nous les voyons produire des fables qui, après avoir été locales, finissent par se fondre dans la mythologie g-énérale. Qu'est-ce que le mythe de Gany- mède enlevé par Zens, sinon la traduction mythologique d'un fait réel, traduction imaginée par la crédulité popu- laire, peut-être par la flatterie, pour consoler une noble famille et changer en joie un malheur ou une honte ? On ne peut guère en douter quand on voit ce fait raconté, comme à sa date, dans rémunération des ancêtres de Priam, au chant XX de l'Iliade. Cette énumération, si dé- taillée.et si précise, ne saurait être autre chose qu'une gé- néalogie vraie, ou du moins acceptée comme vraie. Si une jeune fille de la race royale d'Argos a été, comme le ra- contaient les Phéniciens et les Perses, enlevée ou séduite par un marchand étranger, l'orgueil delà famille, la flat- terie des inférieurs, l'imagination du vulgaire ont pu, à ces époques reculées, tranformer cet accident en aventure mystérieuse et surnaturelle. Aimée d'un dieu, enlevée par un amant divin, celle qu'on avait perdue devenait un sou- venir glorieux. De là sans doute à devenir une personnification de la lune, il y a loin. Quel a pu être le lien entre ces deux no- tions, entre la fable argienne et le mythe astronomique ? Ce lien est peut-être le nom même d'Io, qui, nous T'avons vu, signifiait la lune dans le dialecte et la langue reli- gieuse d'Arg-os. Ce mot n'appartient pas à la langue commune de la Grèce,mais nous le retrouvons encore aujourd'hui en cophte avec le même sens de lune, et il semble avoir été dans l'ancien égyptien, sauf de légère* altérations, le nom ra-