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98 LE MYTHE B ' à O . même par la véritable Isis. lo ne fut qu'une divinité de second ordre, sans rôle dans la hiérarchie céleste, femme autant que déesse, chère aux poètes, mais oubliée de la foule, livrée de bonne heure aux hypothèses de la critique naissante. III. Interprétations. Nous n'avons plus aujourd'hui qu'un juste dédain pour le grossier évhémérisme de Fabbé Banier, qui, il y a cent ans à peine, faisait d'Io « la maîtresse d'un roi d'Argos, de- venu plus tard le dieu Jupiter. Sa femme, qui est devenue Junon, confia sa rivale à la garde d'un surveillant très-vigi- lant nommé Argus, à qui pour cette raison la fable a donné cent yeux. Délivrée par son amant, elle s'embarqua pour l'Egypte sur un navire dont la proue portait la figure d'une vache.» C'est une hypothèse de Lactance, enjolivée de dé- tails ridicules, et tout le livre est de ce goût (1). Nous ne pouvons aussi que sourire de la préoccupation sous l'em- pire de laquelle Huet voit dans lo « la femme de Moïse, Séphora, qui est aussi Astarté et Isis. Ses cornes sont une allusion à celles que la tradition donnait à Moïse. Et si la fable prêtait à lo de si longues courses, c'est que Séphora a suivi Moïse dans plusieurs de ses voyages (2). » Toute- fois, longtemps avant Evhémère, Hérodote ramenait ce mythe si fantastique à un fait humain . « Selon les sa- vants de la Perse (et on est fondé à croire qu'il a recueilli (1) Banier, Mythologie, éd. de 1738, t. I, p. 463. — Cf. Lactance,' lnst. Div. I, XI. (2) Huet, Déwiosth. éoangél., 4e proposil. cb. X, g B. Ed. Mime. p. m