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LE MYTHE » ' l O . 97 imag-e purifiée et transfigurée, non moins noble que tou- chante, de l'humanité aux prises avec l'amour d'un dieu. Dans le Promêthée, non-seulement il n'est plus question de cet accouplement bestial, mais le poète dit nettement qu'Io reste vierge. Zeus l'a désirée, mais sa passion ne se satisfait point. Même quand elle lui donnera un fils, lo sera vierge encore : « Il poserasur toi sa main amie, ce tou- cher suffira.» Ce sera môme le sens du nom qu'elle donnera à sonfilsEpaphus, l'enfant du toucher.Vax une étrange con- tradiction, cette maternité miraculeuse se lit déjà en ter- mes très-clairs dans les Suppliantes, où elle n'était ni at- tendue ni nécessaire : « Jupiter la rendit mère en la tou- chant de sa main » Preuve certaine que ce trait mythique n'est pas de l'invention du poète, qu'il lui était imposé par la tradition (I). Déjà dan? Eschyle l'histoire d'Io touche aux fables orientales. C'est en Egypte qu'elle trouve sa conclusion. On la retrouve plus tard sur les côtes de l'Asie, en Cilicie. en Syrie, enPhénicie. Strabon raconte (2) que les habi- tants de Tarse faisaient remonter leur origine au géant Argus. Ils mêlaient à l'histoire d'Io celle du célèbre favori de Déméter, Triptolème, dont ils faisaient un héros ar- gien. Cette transformation de l'Athénien Triptolème, si étonnante qu'elle paraisse, a son explication naturelle quand on songe aux ressemblances qui rapprochent Isis, c'est-à -dire l'Io égyptienne, de la Déméter d'Eleusis. On sait qu'Hérodote (II. 59) les identifie complètement. C'est ce qui explique pourquoi le culte d'Io ne fut jamais bien répandu en Grèce. Comme symbole de la lune elle fut effacée par Phœbé; comme Isis grecque la place était prise par Déméter, qui devait un jour être détrônée elle- (1) Promêthée 847: Suppliantes, 310. Ed. Tauehn. (2. L.XIV, X\. XVI, pass. 7