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62              NOTICE SUR JEAN DE VAUZELLES.

furent frappées à son effigie. Jean de Vauzelles partagea
cet inexplicable engouement (25), et contribua même à
le propager en France : il traduisit d'italien en français
ceux des ouvrages de l'Arétin que la morale ne réprouve
point, sortes de romans ascétiques écrits avec plus de
verve et d'imagination que de goût, sur des sujets em-
pruntés aux Écritures, et dont l'Inquisition ne fit qu'aug-
menter la vogue en les condamnant.
   Il s'établit à cette occasion, entre Jean de Vauzelles
et Pierre Arétin, une correspondance trop souvent em-
 phatique, selon le goût du temps, mais curieuse à plus
 d'un point de vue, et qui s'étend de l'année 1539 à l'an-


retoucha la plus grande partie de ces lettres avant de les publier.
L'imposture, la lâche adulation, la conformité du style, les erreurs
chronologiques et les différences qui se trouvent entre les lettres que
Toloméï fit imprimer par Giolito, en 1545, et l'édition de Marcolini,
qui est celle d'Arétin, en sont des preuves suffisantes. »
    (25) Il s'explique pourtant dans une certaine mesure, à une époque
d'agitations et de réformes, par la hardiesse même de celui qui en
était l'objet. Quant au prieur de Montrottier, il croyait quelque peu,
sans doute, à la conversion d'un homme qui composait des livres de
piété et qui savait parler, en s'adressant à lui, le langage des honnê-
tes gens. « A vous, Déesse, dit-il, en dédiant à Jeanne de Navarre
La Passion de Jésus Christ, qu'il venait de traduire, doibt estre con-
sacrée ceste divine œuvre de l'Arétin, sus lequel l'admirable mutation
 de la dextre de Dieu a si bien besoigné qu'il en est converty de vais-
 seau prophane en vaisseau de gloire, par ses eseriptz ne nous parle-
 mentant seulement de l'humanité de CHRIST ; mais la montrant quasi
 à l'œil, et sont touchez ses sainctes œuvres et divins miracles au doigt.
 Et dirois voulentiers comme les Pharisiens et Juifz : Qui a apprins à
 cestuy les lettres qu'il scait ? En quelle escolle a il prins degré de si
 haulte Théologie? » Il connaissait bien d'ailleurs le tempérament
 particulier à son auteur : — « Si l'Arétin , dit-il dans une autre de
 ses préfaces, eût eu telle principaulté au bien dire, comme au mesdire
 il est l'Archimesdisant. »