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             ANOBLISSEMENT B'uN MINEUR LYONNAIS.                     19

taie ouvraient l'entrée de cette caste privilégiée. De là
ce dicton satirique : hier bouvier hui chevalier (1). A
la fin de ce siècle, les nobles, décimés et ruinés par les
croisades , démembrèrent et vendirent leurs fiefs. La
classe inférieure, enrichie par le commerce, l'industrie et
les offices eut l'ambition de s'élever. Elle rechercha avec
empressement les prérogatives de la noblesse et acquit
ces fiefs dont elle fit le service obligatoire. De siècle en
siècle cette ambition s'est conservée et elle est actuelle-
ment satisfaite par de vaines apparences.
   Outre l'usurpation effrontée et les adroites substitu-
tions purifiées par le temps et légitimées par le service
militaire, il y avait alors deux moyens d'arriver à la
noblesse : la profession des armes et les lettres roya-
les (2).
   Les offices ne donnaient pas la noblesse héréditaire.
Le Roi récompensait les services par les lettres d'ano-
blissement. Ces rémunérations accordées exclusivement
à la bravoure et aux talents militaires, furent peu à
peu distribuées à d'autres mérites. La profession des
armes se trouvait tellement liée à l'idée de la noblesse,
que les anoblis ou leurs successeurs immédiats s'empres-
saient de vivre noblement, c'est-à-dire militairement.

  (1) On disait proverbialement :
                 « Faveurs, femmes et deniers
                 « Font de vachers chevaliers »

c'est une allusion méchante à l'empressement des ruraux à recruter la
noblesse. Les familles des notaires des campagnes lyonnaises ont lar-
gement contribué à ce recrutement.
   (2) Il y avait de plus la noblesse personnelle des chevaliers es lois,
accordée à quelques docteurs en droit. Les Paterin, les Leviste, e
plus tard les Champier commencèrent à se distinguer ainsi et gagnè-
rent ensuite, par leur valeur militaire, les éperons dorés des cheva-
liers ès-armes et la noblesse héréditaire.