page suivante »
IDÉAL DE LA GLOIRE. 53ff limité d'une immortalité relative, pour ceux-là , il n'est pas au monde de perspective plus attractive et de mobile plus élevé que l'amour de la gloire. C'est la vraie source des grandes choses, des grandes œuvres et des grands héroïs- mes. Cette source a quelque chose de céleste et de sacré. Or, la gloire étant chose essentiellement belle et bonne en soi, il en résulte qu'elle se dégage habituellement des fanges humaines qui s'attachent aux autres passions. Nous disions il y a un instant qu'elle germe souvent dans le sang; cela est vrai pour les conquérants ; mais aussi de toutes les gloires la leur est la moins pure et la moins enviable. Elle laisse dans la postérité un sillon de foudre; les autres y projeftent une traînée de lumière douce et limpide. Oui, la gloire a ses vertus et ses fau- tes, ses crimes même ; elle est plus ou moins tachée comme le soleil. La gloire la plus sereine et la plus équi- table est celle dont le nimbe couronne les grands bienfai- teurs de l'humanité, les grands inventeurs, les grands lé- gislateurs, les grands soldats des guerres défensives, les grands orateurs, les grands poètes, les grands écrivains, les grands artistes. Tous ceux-là réalisent dans sa pléni- tude l'idéal de la gloire! Ses vrais amants ne nuisent pas à l'humanité ; ils lui sont exclusivement utiles. Ils ont en partage la modestie, et sont ordinairement doux et humbles de cœur. Il y a chez eux une si profonde indifférence du transitoire et du contingent ; leur étoile polaire est tellement au-delà de l'horizon vulgaire, qu'ils ne gênent personne dans la vie, et se laissent, presque en toute chose positive, jouer comme des enfants. Bien différents sont ceux que passionne la gloriole,