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DANS LES ALPKS. 219 neuf heures, et déjeûner passable a l'Hôtel des voyageurs, chez Mayet, A dix heures, après avoir recruté un guide et revêtu l'équipement du piéton, nous gravissons les premières pentes du Petit-St-Bernard, St-Germain, Scez, villages al- pestres très-pittoresques. Chaleur torride. Nous aspirons, haletants, l'air embrasé que repécurtent les gigantesques pa- rois des montagnes ; le vaste banc de gypse de la Moche- Blanche, qui forme une de ces parois, réfléchit surtout avec une impitoyable intensité les rayons de ce soleil caniculaire. Le sentier qui serpente sur le flanc de la montagne est bon et commode. D'ici à deux ou trois ans une route carrossable le remplacera, ouverte par les soins du gouvernement fran- çais. (1). Quand nous y passâmes,- des légions d'ouvriers y travail- laient, et le col deviendra par suite un des plus fréquentés des Alpes. Le torrent Le Reclus fait entendre ses assourdis- santes clameurs, A deux heures, après avoir contrepassé la borne qui trace la nouvelle frontière entre la France et le royaume d'Italie, nous atteignons !e sommet du col et nous nous reposons a l'hospice où les voyageurs trouvent l'hos- pitalité comme au Grand-St-Bernard, au Mont-Cenis ou au Simplon. Cette heure de répit nous permet de reporter notre pensée sur les grands souvenirs qui planent sur ces hautes régions. C'est la, c'est par elles que le grand Annibal aurait passé pour fondre sur l'Italie ! Loin de nous la pensée de faire un cours d'archéologie a ce sujet ; il y aurait la cependant la matière de-dix bonnes pages ; mais, quelque attrayante que soit cette perspective, nous en faisons généreusement le sacrifice au lecteur. Il eut été néanmoins bien tentant de discuter lequel, du Mont-Genèvre ou du Petit-Saint- (1) Elle l'est sans doute actuellement (1864).