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POÉSIE SATIRIQUE D0 XVIe SIÈCLE. 83 lement le satirique, et les filles avant le mariage n'ont pas plus de retenue. — La violence de cette accusation ne peut qu'en faire rejeter la véracité, môme au temps des mœurs légères et des amours faciles. Femme de bien doit être en Dieu fervente, Pour vent qui vente (1), ferme sans varier. Mais à Lyon ce beau renom s'évente : Tant ait grand rente, elle se mej en vente. Nul ne s'en vente en rien contrarier, Pour charrier filles à marier, Leur font lier le bouquet sur l'oreille (2). Beau billet a qui a bille (3) pareille ! Voici maintenant, pour conclure, de la morale en rimes Redoublées: forme à laquelle ajoutent un grand prix les poètes du temps. Ces puériles recherches de la forme sont comme le bouquet final obligé de toute pièce agréablement versifiée; mais c'est bien souvent, comme dans le cas présent, aux dé- pens de la clarté : Trop me déplaît que tant laidure dure, Luxure sure toute noblesse blesse Prouesse ou esse; gentillesse lessc Jeunesse nesse -. le goût de la mort mort. Femmes, sachez pour certain vous mourrez. Quant me orrez (4) comparoir en personne En tel état toujours ne demourez. Plus ne pourrez à l'heure que voudrez : Du tout fauldrez (5) si la grand cloche sonne ; Qu'on se fassonne (6) ; la raison si est bonne. (1) C'est-à -dire : Quelle que soit la force de l'orage, etc. (2) Allusion à un usage existant encore dans quelques villages reculés, où se tiennent des foires de placement de filles de service. Celles-ci, pour se faire reconnaître, ont un bouquet sur la tête. (3) Bille, pour billio, billion, monnaie au-dessous du cours et de peu de valeur. (4) Orrez, futur du verbe ouïr. (5) Du tout fauldrez, vous manquerez de tout, vous n'aurez plus de res* source. (6) Qu'on se fassone, qu'on se range.