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128 LITURGIE. quarte augmenté qui donna lieu au célèbre mais méchant proverbe : Mi contra fa est diabolus in musica. Le hasard fit, que ce mode eut pour base un tétracorde du mode phrygien. Si j'ai dit le hasard, ce n'est pas sans raison ; j'ex- pliquerai plus loin le pourquoi. Le calme revenu, les successeurs du grand empereur re- vinrent au programme de leur prédécesseur et l'on eut en Espagne une seconde édition du miracle de Milan, avec cette différence, toutefois, que l'issue en fut sanglante. Dans un concile tenu a Barcelone, le cardinal Hugues, légat du pape Alexandre II, fit décider un changement litur- gique dans les provinces méridionales de l'Europe. Constance de Bourgogne avait épousé, en 1080, Alphonse VI ; elle se servit de l'influence qu'elle avait sur son mari pour le porter à seconder les vues du Saint-Siège. Richard, cardinal, abbé de Saint-Pierre-lez-Marseille, fut député en qualité de légat de Grégoire VIII, vers les Eglises d'Espagne pour cette im- portante mission. En 1085, appuyé par Alphonse, il fit dé- créter dans un concile tenu a Burgos, l'abolition de la li- turgie mozarabe ou gothique, celle dite de Saint-Isidore de Séville. L'Eglise de Tolède résista ; le clergé, la milice et le peuple résistèrent ouvertement; encore une fois, on en vint au jugement de Dieu. Deux champions furent élus, l'un par le légat, l'autre par le clergé, la milice et le peuple ; le combat fut sanglant, et après maintes brillantes passes d'ar- mes, le champion du rit grégorien trépassa sous les coups de son adversaire. « Le chevalier qui avait combattu pour « le chant mozarabe, se nommait Jean Ruizius, de la famille « de Matance, qui a existé longtemps et qui habitait près de « Pisaroca. » Le roi ne reconnut point le jugement de Dieu, et une grande sédition s'éleva parmi le peuple. On convint alors de dresser deux bûchers ; sur l'un on plaça le livre grégo-