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DU CHATEAU DE VAREY. 435 et Jujurieux; bientôt son campement s'organisa, ses lignes s'établirent, et Varey fut investi. Les défenseurs du château voyaient, du haut de leurs rem- parts, ces troupes innombrables, munies des plus formidables engins de siège, et, devant de si puissants moyens d'attaque, plus d'un courage fat ébranlé. La cavalerie passait rapide, guidons au vent, et faisant briller ses armures aux premiers rayons d'un soleil d'été. La mortelle résonnance des trom- pettes, le bruit effroyable des tambourins, le hennissement des coursiers, le cliquetis des harnais, le sourd roulement des charriots et des chars jetaient d'avance la terreur dans les plus fermes esprits. Les gens des communes couvraient la vaste plaine, et leurs bataillons ne pouvaient se compter. Les chemins de la montagne, la gorge profonde de l'Abber- geroent, unique ressource pour le ravitaillement et le secours, furent, en premier lieu, occupés et gardés par des postes se reliant les uns aux autres et destinés à couper toute commu- nication avec le Dauphiné. Le siège se déclarait meurtrier ; la guerre s'annonçait mortelle. La garnison, réduite à elle- même, devait résister à toutes les forces de la Bourgogne et de la Savoie. Quand les munitions seraient épuise'es, les vivres consommés, les remparts détruits, il faudrait se livrer aux mains d'un assaillant furieux, et subir une capitulation déshonorante ou périr. Hugues de Genève vit d'un coup- d'œil sa position, et, sans avoir l'espoir de résister ou d'être secouru, sans se demander comment le siège finirait, soldat avant tout, il repoussa fièrement les sommations qu'on osa lui faire, et se mit en devoir de vendre chèrement la victoire à l'ennemi. Quand une armée entre en campagne, elle cherche à de- viner la vaillance de ses chefs, l'habileté de ceux qui la- di- rigent ; la popularité vole de l'un à l'autre. Dans lesmarehes ou autour des feux du bivouac, on rappelle les souvenirs