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826 HISTOIRE les jours qui devaient, en leur livrant Varey, leur permettre dïenlever leurs troupes à ce foyer de désordre et de corrup- tion. Il n'était pas probable , il n'était pas possible que le Dauprjip pût, envoyer du secours à la malheureuse forteresse, e( ce secours arrivât-il, quel espoir de lui voir traverser les lignes de l'armée de Savoie pour ravitailler les remparts ou osçr jivrer bataille à toute la noblesse de la Bourgogne et de la Savoie ? D'ailleurs les éclaireurs cjisséminés dans la plaine ne signalaient aucun danger, et le poste avancé, retranché dans le vieux camp des Sarrasins, dormait plein de la sécurité la plus profonde, en attendant qu'on vînt, le relever d^ cette position plus monotone que périlleuse, au sein de laquelle les soldats paraissaient n'avoirà redouter que le désœuvrement et l'ennui. Cependant les aventuriers, habitués à toutes les vicissitudes et aux surprises de la guerre, gémissaient de voir cette con- fiance aveugle qui pouvait livrer l'armée la plus nombreuse à un ennemi déterminé. Avec eux et à leur tête,.le Bra- bançon, toujours en armes, veillait à la sûreté de celle foule trop oublieuse du péril, et chevauchant sur son grand coursier de Flandre, cherchait à s'assurer par lui-même que les Dauphinois ne rôdaient pas dans les environs. Parmi les chefs Beaujeu, Chalant, Granson, Quibourg, prolestaient, par leur vigilance, contre l'insousiance commune et paraissaient seuls avoir souci de l'avenir ; le duc de Bourgogne, entouré de courtisans, s'applaudissait, au sein d'opulents festins, d'avoir fait venir lès meilleurs vins de ses Etats, celui de la Bresse n'ayant pas sa faveur; le comte de Savoie, de, son côté, s'enorgueillissait d'avoir fait une conquête, mais ce n'était pas d'une forteresse redoutable qu'il s'élail rendu possesseur; aussi prompt au plaisir qu'à la,bataille, il oublait, dans des amours passagères, qu'il était responsable de la vie des