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 520                         HISTOIRE

  trouaient les armées les plus profondes, mais ces procédés
  nouveaux avaient fait horreur. Le massacre de loin, la bou-
  cherie sans laisser les moyens de la défense répugnaient à
  celte fièrè noblesse si prodigue de son sang. Ce qui distingue
  l'homme d'armes du vilain n'est pas autre chose que l'habi-
  tude prise dès les jeunes années de se mesurer corps à corps
  avec l'ennemi. Pour tuer à dislance, le faible vaut le fort, le
  lâche égale le vaillant, et le chevaleresque souverain de la
  Savoie défendit avec menace de renouveler ces cruelles et hon-
  teuses propositions.
     Pendant que des arbalétriers adroits font pleuvoir une grêle
 de traits sur le chdleau, les assiégés, munis de balistes puis-
 santes, cherchent, à l'abri de leurs créneaux, à garder les
 approches du manoir. Les viretons, les carreaux volent,
 trouanl les casques el faussant les armures. Les Dauphinois,
 passés maîtres dans l'art de la guerre, ne livrent aucune
 chance au hasard ; tout est prévu, il est facile de voir qu'un
 chef habile les commande, et les plus furieuses attaques sont
 repoussées par les plus héroïques efforts; dans les hautes tours,
 d'ebondanles munitions de guerre ont élé accumulées ; les
 magasins regorgent de vivres el la conflance dans le sort des
batailles ne fait pas encore défaut.
     Et cependant la multitude est effrayante au dehors. Sous
les yeux des princes qui ne ménagent pas l?urs personnes, les
soldats redoublent de lémérilé. Excités par l'ambition,
l'amour de la bataille, la diversité de races et de drapeaux ,
l'audace naturelle au sang qui bouillonne dans leurs veines,
les guerriers des Alpes et du Jura bravent les dangers et se
jouent des plus affreux périls. Moins rudes, mais aussi braves,
les Bourguignons les soutiennent, partagent leurs travaux et
lancent un sarcasme avec le môme empressement qu'un trait.
Partout la force lutte contre la force, la ruse rencontre la ruse.
Savoisiens et Dauphinois, ces éternels ennemis, se cherchent,