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538 IDÉAL DE LA GLOIRE. forme et sa lumière personnelles dans les évolutions suc- cessives du temps, c'est que l'âme dont il émane se per- pétue, elle aussi, une et distincte dans l'éternité, sans se laisser confondre dans aucune substance qui l'absorbe. Le principe supérieur qui pousse les grandes âmes à la gloire, exerce sur elles une action despotique, impérieuse, inexorable. C'est en vertu de je ne sais quelle force fatale qu'elles accomplissent leur marche vers elle. On évolue vers sa lumière, comme la planète gravite vers son soleil. Si vous êtes prédestiné, rien au monde n'ar- rêtera votre essor ; malgré vos défaillances, un Dieu in- connu vous criera toujours : « Marche, marche en avant,» Urget Deus ; et cela jusqu'au bout de la voie trop souvent sanglante qui vous conduit au but éblouissant. C'est une noble ambition que celle de la gloire; c'est la seule désintéressée, la seule sublime. De toutes les pas- sions humaines, c'est celle qui est la plus grandiose et la plus enivrante. Pourquoi faut-il, hélas! qu'elle ne soil pas toujours pure et que le.sang en tache quelquefois les abords ? Il est un seuil pourtant sur lequel son pouvoir expire; c'est le seuil du cénobite. Elle a donc quelque chose au- dessus d'elle ; ce quelque chose est le renoncement re- ligieux. Tout est vanité pour le saint, même la gloire qui est plus qu'une vanité. Le renoncement à elle est l'acte su- prême de l'adieu au monde. Quand cet holocauste est Fait,, il n'est plus rien qui attache à la terre ; on a fixé ses desti- nées au ciel ; c'est l'héroïsme de l'abnégation. Mais pour ceux qui placent moins exclusivement haut leurs espérances, et que berce amoureusement le rêve