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534                IDÉAL DE LA GLOIRE.

visible sur le sommet d'une montagne. L'un est Fortuni'o,
l'autre Vocato. Là, dans une vision,, ils contemplent deux
fleuves distincts.
   L'un d'eux, gracieux, riant, azuré, a des rives fortu-
nées, pleines de fleurs et de parfums, retentissantes
d'harmonies délicieuses. Sur ses bords enchanteurs s'é-
panouissent les richesses, la santé, les honneurs, les
plaisirs, le bien-être, les charges publiques, la popula-
rité, la distinction, en un mot, tous les biens terrestres
que l'on puisse rêver. Le voyageur, entraîné par le doux
courant de l'onde, n'a qu'à tendre la main pour cueillir
tous ces trésors divers et s'en rassasier à loisir.
- Mais ce fleuve, arrivé au bout de sa course, se jette
dans un océan sans bornes, avec lequel ses eaux se
confondent. Il perd son nom, et demeurant à jamais en-
seveli dans les vastes abîmes., il est comme s'il n'avait
pas été.
   L'autre fleuve, au contraire, est torrentueux, grisâ-
tre, mugissant. Ses eaux troublées et limoneuses cou-
rent dans un lit étroit à travers une gorge sauvage qui
n'est qu'une déchirure de' rochers arides et désolés. Pas
une fleur, pas un brin d'herbe, pas un rayon de soleil
se jouant dans les flots.
   Mais après une course orageuse et tourmentée, il s'é-
panche tout entier, sans perdre une goutte d'eau, dans
un vaste et splendide bassin, et se transforme en uii lac
admirable, aux ondes bleues et transparentes, aux gra-
cieux contours, aux horizons majestueux. Il vivra, sous
cette métamorphose, autant que la nature dont il est un
des ornements.
   Et le génie invisible dit à Fortunio et à Vocato :