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322 HISTOIRE ruse, l'audace ou le désespoir sont employés, mais les gros bataillons l'emportent, les sorties sont repoussées, les torches sont éteintes, et les mineurs, cheminant sous les pieds des Dauphinois, restent maîtres de leur périlleuse position. Pendant que le sang coule autour de Varey, les campa- gnes sont dévastées. Des rôdeurs pénètrent dans les villages et ramènent le bétail des pauvres laboureurs. Chenavel, l'Abbergement, Sainl-Jérôme invoquent en vain leur inoffen- sive neutralité, Hauterive, ses sympathies, Neuville son as- siette sur la terre de Bresse, Château-Gaillard sa pauvreté au milieu de toutes les dévastations ; les pillards sont sourds, les chefs de l'armée ferment les yeux et déclarent ne savoir où découvrir les coupables; on ne respecte que les citadelles qui, comme Châlillon-de-Corneille, la Bâtie, Poncin, Luy- sandre sont ceintes de bonnes murailles et sont en mesure de se faire respecter. Aux premières nouvelles de la guerre, le sire de Thoire est descendu des montagnes et malgré le traité qu'il a signé depuis peu avec le sire de Beaujeu, malgré son affection se- crète pour la maison de Savoie, sa fidélité au Dauphin ne reçoit aucune atteint0. Inquiet de voir une si grande armée près de ses frontières, il a garni de soldats éprouvés ses pla- ces fortes et lui-même avec ses meilleurs capitaines, entouré, comme aux jours du péril, des Mornay, des Bussy, des Moy- ^ ria, des Bouvens, il quitte Montréal, s'enferme dans la place forte de Poncin, et, neutre dans la querelle qui embrase le pays, attend que forage s'éloigne pour remonter dans ses sauvages vallées. Pendant huit jours entiers l'armée de Savoie prodigue ses hommes les plus vaillants, et Varey résiste encore. L'œuvre de destruction s'avance, mais lentement. Si une tour est tom- bée, trois autres sont encore debout. Les fossés sont comblés,