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                     DU CHATEAU DE VAREY.                     521

et s'attaquent, se poursuivent, et changent en vengeance
personnelle et ardente la guerre que se font les souverains.
    La montagne, dépouillée de sa forêt, livre aux assiégeants
des châtaigniers e'normes, des chênes centenaires, des frênes
robustes que les orages n'ont pu courber. Des palissades sont
établies autour du château. Des remparts irréguliers mais
solides s'élèvent en face des murs de pierre et les menacent
d'une redoutable rivalité. A l'abri à leur tour, les assiégeants
s'avancent peu à peu, poussent leurs ouvrages et s'attachent
surtout à corbler les fossés.
    Des troncs d'arbres, des pierres énormes sont précipités
dans le ravin ; des ponls sont jetés sur les deux bords ; les
assiégés les brisent, mais les assaillants renouvellent leurs
efforts, et, appuyent sur le parapet opposé de grands peu-
pliers qu'ils fortifient et consolident ; sur tous les points, les
géants des forêts tombés sous la hache à grand'peine, taillés
à la hâte et armés encore de larges et puissants rameaux, sont
roulés dans le précipice où ils deviennent les premiers appuis
d'autres arbres, jetés en travers. Leurs branches s'entremê-
lent, leurs masses s'unissent et s'amoncellent ; les fossés se
comblent ; des solives, des planches, des poutres apportées
par des milliers de bras livrent passage à l'ennemi. Des tor-
tues trappues, aiguës, indestructibles s'attachent par des
crampons de fer à la base des remparts, et des pionniers, des
mineurs, ulcères vivants,fléaudes vieilles forteresses, s'incrus-
tent dans les trous que le bélier a creusés et que leur marteau
infatigable agrandit.
    Les muraillesentamées gémissent sourdement et l'acharne-
nemeiit redouble. Les assiégés s'efforcent d'écraser ces vers
rongeurs qui pénètrent au sein delà citadelle, les assiégeants
protègent leurs travailleurs enfoncés dans l'épaisseur des for-
tifications. Des sorties sont essayées, des rochers tombent,
des torches sont lancées; tous les moyens que suggèrent la
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