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498 LETTRES INÉDITES.
petite course de fiacre à Paris coûte 800 livres; vous ne pou-
vez pas faire faire une commission à moins de 80 ou 100 li-
vres, une voie d'eau coule 5 livres, le blanchissage d'une
chemise 25 livres, le ramonage d'une cheminée 100 livres.
Ainsi vous voyez que quelqu'un qui ne voudrait pas se refuser
les commodités de la vie dépenserait plus de cent mille livres
par mois et cela sans rien faire de neuf. Mais laissons ces
détails qui ne sont qu'affligeants et qui ne font que nous rap-
peler notre triste et douloureuse position. Puisque vous avez
la bonté d'ajouter quelque prix à ceux que je vous ai donné
sur nos spectacles je vais continuer à vous en entretenir.
Nous finirons par le plus intéressant que nous garderons
pour la bonne bouche.
Vous savez qu'il y a un spectacle, rue de Louvois, dont il
porte le nom. On n'y joue que des opéras, ce qui fait que j'y
vais rarement. J'y ai été cependant voir dernièrement une
pièce qui attire beaucoup de monde et dont on m'avait dit
beaucoup de bien. Je n'ai pas été trompé, c'est un fort joli
ouvrage, très-gai, une charmante musique et supérieurement
jouée, la Cinquantaine, musique de feu Dezède. Le sujet est
- un vieillard qui vit très bien avec sa femme et qui pour célé-
brer la 50e année de son mariage imagine de faire absolu-
ment tout ce qu'il a fait le jour de ses noces. Il sent lui-
même combien cela est ridicule et l'ait fermer sa porte et en-
fermer sa petite-fille pour répéter tout seul avec sa femme et
deux domestiques le petit dialogue qu'il a composé. Saisies
jeunes gens, avec la petite et un amoureux de 16 ans, sont
témoins de tout et l'on finit par les unir. Le fond est bien lé-
ger et il n'y a que cinq acteurs ; mais les scènes sont si joli-
ment filées, le dialogue si nature! et les situations si plaisan-
tes, la musique si jolie, que les deux actes en paraissent très-
courts. Les paroles sonl, je crois, de M. Faur. Le rôle du vieux
est supérieurement tenu par un acteur nommé Fleury, et le
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