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                         LETTRES INÉDITES.                       489

  sinon c'est un malheur déplus. Je pense que M. de Fôtan ne
  la laissera pas manquer. Il est une autre famille que j'ai vue
  chez vous, qui doit être également bien malheureuse. C'est
 celle da ce pauvre Ragot. Nous nous rapprochons presque
 toujours dans nos opinions littéraires dès que nous entrons
 dans quelques détails. Les Anecdotes de la cour de Philippe-
 Auguste (1) ne sont sûrement pas sans mérite quoique au-
 dessous de leur réputation. Je conviens avec vous qu'il y a
 de la noblesse dans les caractères et une sorte de rapidité et
 surtout de pureté dans le style, mais ce roman pèche, selon
 moi, parla marche qui en est lenle et par l'intérêt, qui, pour
 être trop divisé, devient à peu près nul. J'ai été beaucoup plus
 content des Fcillèes de Thessalie et je vous invite à les lire, le
 merveilleux y est assez adroitement ménagé pour que les sen-
 sations que cette lecture fait éprouver ne soyent pas commu-
 nes. Il paraît ici un roman nouveau de Mme de Genlis en
 3 volumes in-8 ; les Chevaliers du Cygne, rempli d'allusions
 à la révolution française. Mme Grimod à qui on l'a prêté et
qui l'a lu n'en a pas été fort satisfaite et j'ai assez de confiance
en ses jugements littéraires. Pour moi je lis dans ce moment
un ouvrage que vous connaissez sans doute, car il a eu plu-
sieurs éditions: Principes philosophiques, politiques et mo-
raux par le Major Veiss ; c'est un salmis assez bien fait de
morale usuelle, écrit avec plus d'originalité que de goût dans
un français un peu suisse. Mais il y a de très-bonnes cho-
ses, et l'on peut aller jusqu'au bout sans ennui. Je vous en-
tretiendrai plus bas d'un manuscrit qu'on m'a confié, dont
je viens d'achever la lecture. Que le très-gracieux M. Ger-
main reçoive ici mes remercîments de son obligeant et aima-
ble souvenir ; je le remercie bien des dispositions favorables
où vous me le représentez. Pour moi, ce sera avec un 1res—


  (1) Par Mlle de Lussan, ainsi que les Veillées de Thessalie.
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