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368 BIBLIOGRAPHIE.
nous a paru également un peu écourtèc daus^ la troisième
partie de l'ouvrage de M. P. Gras.
Nous ne pouvons nous empocher de différer d'opinion
avec M. Sleyerl sur l'influence particulière de la langue
française par rapport à la disparition des patois. Nous re-
connaissons avec lui que cette langue n'est qu'un dialecte
contemporain des autres dialectes provinciaux, modifié
comme eux par toute espèce de circonstances, perdant pres-
que autant qu'il a gagné, et ayant fini par primer les autres
plutôt par circonstances politiques que par despotisme litté-
raire ; mais nous ne pouvons admettre qu'en faveur de ce
langage, et pour l'imité nationale, nos provinces aient fait,
spontanément , un sacrifice volontaire de leurs idiomes.
Elles leur sont au contraire restées fidèles, elles les con-
servent encore malgré les coupures et les plaies qui les
défigurent, et si elles les abandonnent, ce n'est pas volontai-
rement.
Les troubadours qui, dit M. Steyert, s'excusaient de leur
parler provincial, ne le considéraient pas pour cela comme
indigne ou exprimant mal leurs idées poétiques, mais ils
craignaient de ne pouvoir être bien compris de personnes
qui avaient précisément abandonné leur vieux langage pour
des nouveautés. Quand les ducs de Bourbon implantèrent
dans le Forez le français ou plutôt la langue d'oil, la masse
de la province conserva son idiome longtemps encore et n'en
fit pas le sacrifice,
Toujours résumant admirablement, M. Steyert passe en-
suite en revue les causes principales qui réagissent sur la
forme d'une langue : la position géographique, le climat, la
richesse du sol, les professions, les mœurs et les besoins des
habitants, les événements historiques, les révolutions, les dé-
couvertes, toutes causes qui ont agi dans le Forez plus vi-
vement que nulle part ailleurs. Cet exposé rapide ne fait-il