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3f)8                    DEUX ITINÉRAIRES

pour huit estomacs de notre espèce et pour une pareille ex-
 ploration. Notre caravane est la seconde qui ait fait ce trajet
en 1863 ; une seule nous avait devancés quelques jours
avant. A la veillée, nous feuilletons, en guise de passe-temps,
le livre des voyageurs de l'auberge du Montanvert. C'est une
chose précieuse que ces aibums, tant par les noms célèbres
qui y figurent que par les choses grotesques et ébourif-
fantes qui s'y écrivent. La platitude y domine, c'est vrai ;
 M. Prudhomme y est roi; mais qu'il y devient amusant lors-
 qu'il est relevé de temps à autre par les saillies et les spiri-
 tuelles satires de quelques humoristes anonymes ! Les auber-
 gistes des Alpes ne se doutent pas qu'ils possèdent une mine
'd'or dans ces recueils ; vous les verrez, après 50 ans, se
 vendre un prix fou à l'Hôtel des Ventes de la rue Drouot.
    En 1863, la fameuse bouffonnerie du Foyage de M. Per-
 richon s'étalait h toutes les pages ;
    « Que l'homme paraît petit quand on le contemple du haut
 de la mère de glace ! »
    A quoi un touriste venu après ripostait par la phrase sa-
 cramentelle :
    « Je ferai observer a M. Perrichon que la mer de glace
 n'ayant jamais eu d'enfant, Ja qualification dont il se sert à
 son égard est d'une souveraine inconvenance ! »
    Je m'étonne fort que les éditeurs de Paris, à l'affût de tout
 ce qui a du sel, n'aient pas encore songé à exploiter la pu-
 blication de ces pots-pourris ; il y aurait la une bonne et fruc-
 tueuse spéculation.
    Atteint par la contagion de l'exemple, l'un de nous deux
 ne put s'empêcher de laisser sa trace sur le volume, dans
 les rimes suivantes :
                A COMMERSON, DU       Tintamarre.
               On va disant que le crétin
               Des Alpes tend à disparaître;