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                       DANS LES ALPES.                    339

l'arrose de ses eaux torrentueuses et grisâtres. C'est une
succession continuelle de forêts de pins, de prairies luxu-
riantes et de chalets e'tagés sur la verte croupe des monta-
gnes. Çà et là de gracieuses cascades ; — à notre droite,
nous côtoyons le Mischabel ou Saasere-Gral, ramification
du Mont-Rose qui sépare les deux vallées de la Viège. Une
belle montagne aux flancs rebondis et vêtus d'opulentes
forêts, appelée VEbiherg, termine cette arête du Mischabel
qui semble s'y enchâsser. On dirait la lame d'une gigantesque
épée au reflet fauve, emmanchée dans un pommeau d'éme-
raude. Chaque fois que nous noua retournons, nous saluons
la pyramide énorme du Grand-Cervin qui surmonte cette
Vallée comme un dolmen cyclopéen. — Traversée des villa-
ges de Taesch el de Banda. — Rencontres fréquentes de
caravanes anglaises, qui, depuis quelques années, abon-
dent a Zermatt. Nous passons fièrement devant ces fils et
filles d'Albion sans jamais lever nos chapeaux. C'est un de-
voir rigide et absolu que nous nous sommes imposé. Quand
nous étions touristes novices, nous avions la bonhomie de
prendre l'initiative du salut : c'est une déférence par trop
naïve que l'expérience nous a l'ait perdre du moment que
nous avons eu bien constaté que maintes fois ils ne rendent
pas le salut ou le rendent avec un air rechigné et protecteur.
   Il n'en est pas de même avec les voyageurs des autres na-
tions. Chaque fois que nous nous croisons avec des Allemands,
des Italiens, des Espagnols ou des Russes, nous échangeons
le plus gracieux et le plus cordial "bonjour. Cela fait du bien
au cœur dans ces âpres solitudes. L'homme aime à y rencon-
trer son semblable; les différences de nations disparaissent;
le lien de la fraternité universelle se resserre.
    11 était dit pourtant que nous recevrions ce jour-là même
 une dernière et efficace leçon a l'endroit des Anglais.
    A un détour du chemin, nous nous trouvons brusquement