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262 DECHAZELLE. l'art de tirer parti des applications sur différentes étoffes, et souvent il en faisait fabriquer exprès pour en orner d'autres tissus. Un jour il imagina de découper les fleurs d'une indienne perse, de les appliquer, soit sur de la mousseline, soit sur du satin blanc, du gros de Naples, et de les fixer par des contours d'or ou d'argent, bro- dés à l'aiguille, qu'il faisait eylindrer ensuite. Pour ce qui concerne les effets de dorure dans la fabrication des étoffes, il avait étudié celles des anciennes fabriques et surtout certains échantillons trouvés dans les tombeaux des évêques du moyen-âge. C'est pour cela qu'on peut dire, qu'il a été inimitable sur ce point comme sur tout le reste. Je ne finirais pas, si je disais tout ce que M. De- chazelle a imaginé de piquant et de singulier dans la fa- brique. Le plus bel éloge qu'on puisse faire de ses ou- vrages, c'est de dire que ses échantillons ont été recueilis soigneusement par ses confrères et des amateurs, et que la plupart ont été encadrés. Dans la broderie des robes, je l'ai vu employer des matières dont personne n'avait eu l'idée. Tantôt c'était la paille travaillée, tantôt les plu- mes de couleur et même des cheveux bouclés ; puis des aigrettes de verre, des plumes de paon véritables, etc. Un génie aussi inventif, un artiste aussi habile devait marcher à grands pas dans le chemin de la fortune. Malheureusement il fut arrêté par l'orage révolutionnaire. Bientôt la fumée des châteaux incendiés, et les têtes de Pierre-Cise portées au bout d'une pique, annonçaient ce que nous allions devenir. M. Dechazelle avait une villa délicieuse à Champvert, où il invitait ses amis et les étran- gers distingués, qui lui étaient adressés. « Ma maison « d'Albe me fera périr, me disait-il en riant, je vou-