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                         DECHAZELLE.                     261

 tout à contribution. Les curiosités du Palais-Royal étaient
 une mine inépuisable pour ses compositions. Les porce-
 laines, les pendules, les bijouteries, les papiers peints,
 le jardin des plantes, les animaux rares, les végétaux
 singuliers, les minéraux, les coquillages, les insectes, les
 papillons exotiques, les objets chinois, persans, indiens,
 égyptiens,lui offraient des formes et des nuances parti-
culières, dont lui seul savait tirer parti. Aussi les Alle-
mands disaient qu'il était !e plus habile nuancier de
France. Quelquefois, en allante sa-campagne, il me fai-
sait admirer des contrastes de couleur, auxquels je n'au-
rais pas songé. Voyez, disait-il, le beau vert de ces
choux sur ce terrain couleur de rouille! Remarquez ces
branches de pin, dont l'extrémité d'un vert tendre, se
détache sans dureté sur un vert sombre ! Admirez ces
pampres d'automne jaune pourpre violeté et vertes en
même temps 1 Puis c'étaient des racines d'arbre, des
mousses, des lichens, se détachant en vert sur des troncs
pourris, qui lui fournissaient des idées nouvelles pour
les dessins et les nuances de ses étoffes.
   Aussi ses ouvrages avaient un cachet particulier qui
les faisait remarquer. Pour bien rendre les effets de
la nature, dans sa broderie pittoresque, les objets lui-
sants, sourds, raboteux, rocailleux, les teintes lumi-
neuses, rompues ou foncées, avaient chacun une exé-
cution spéciale. Je l'ai vu faire le cœur des roses, des
tournesols, des reines marguerites, des ombelles mêmes
tout entières, avec des nœuds en soie de différentes
nuances et grosseurs. La chenille brune veloutée venait
ensuite pour réchauffer le cœur de la fleur et servir de
repoussoir aux éiamines. Personne, comme lui, n'avait