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 2G0                      DECHAZELLE

 choisissait lui-même et, qui imitaient le cordonnet. Pour
 les clairs, s'étant aperçu que le lustre de la soie produi-
 sait des effets différents, selon que les fils étaient tournés,
 il imagina de faire coucher la soie toujours dans le même
 sens, et perpendiculairement, comme les rayons solaires
 autour d'un centre. En somme, ce vase de fleurs fut jugé
 être un chef-d'œuvre, qui surpassait tout ce qu'on avait
 vu en ce genre. On y remarquait entre autres une toile
 d'araignée et des oiseaux qui rivalisaient avec la nature
 et avec les tableaux flamands.
    L'ouvrage le plus important que M. Dechazelle eut à
 confectionner pour la Russie, fut de grands tapis de drap
 rouge, dont on recouvrait les mulets destinés à la céré-
 monie du sacre des empereurs. Ces sortes de housses im-
 périales, qui coûtaient 10,000 livres pièce, étaient ornées
 d'un saint Georges à cheval, grand comme nature, d'un
 grand aigle, et d'écussons aux armes de l'empire, le tout
brodé. Ge travail, exécuté en soie et en dorure, était en
grande partie relevé en bosse et produisait un effet ad-
mirable. Le travail le plus difficile qu'on fit exécuter à
M. Dechazelle,.pour une princesse du nord, fut des cou-
vertures de livres in-18°,dont on voulait former une biblio-
thèque. Mon digne ami m'occupa au dessin et à lapeinture
de ces objets. Les sujets de l'étoffe étaient si variés et les
lais si multipliés, qu'ils formaient à l'envers une espèce de
matelas, qu'on était obligé de couper ensuite, comme
cela se pratique pour certains mouchoirs façon cachemire.
   M. Dechazelle avait le talent de tirer parti de tout ce
qui pouvait offrir des effets agréables et des rapports
harmonieux, pour les combinaisons de son art. Lorsqu'il
allait dans la capitale, pour raviver ses idées, il mettait