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254 DECHAZELLE. ceptes de l'Evangile. Il iut d'abord avec avidité Schwe- demborg, le Livre des erreurs et de la vérité, l'Ecce homo, Jacob Behm, dont les pensées abstraites se trouvent dé- layées dans un galimatias d'expressions chimiques; le Diable amoureux, de Gazotte, qui n'est que le système de Saint-Martin mis en action. Sachant que M. Dechazelle avait une foi vive et beaucoup de piété, souvent, moi tout jeune homme, je tâchais de le raisonner et de lui faire naître des scrupules à ce sujet. Je le blâmais de se livrer à une étude dont le venin était caché sous des apparences religieuses. Je lui citais l'ouvrage tout récent de l'abbé Barruel contre la franc-maconnerie, qui n'épargnait guère son héros. « Votre Barruel, me disait-il, n'a pas le sens commun; il n'est pas fait pour comprendre les idées sublimes de Saint-Martin. » Le hasard ayant amené le nouveau sectateur chez le docteur Rast, celui-ci l'invita à dîner, afin qu'il pût satis- faire la curiosité de son beau-frère. Placé à table à côté du nouvel oracle, M. Dechazelle, se croyant initié dans sa doctrine, l'environnait de son respect, lui faisait des questions auxquelles le philosophe répondait d'une ma- nière évasive. « Jeune homme, lui dit-il, si vous avez les dispositions nécessaires, vous comprendrez. » A cette époque, on venait de créer aux Brotteaux une loge maçonnique en l'honneur de Saint-Martin. Les gens les plus considérables de Lyon, les Thomas, les Bergasse, les Couderc, les Renne, les Barrou du Soleil s'y firent recevoir, M. Dechazelle, malgré sa répugnance à deve- nir franc-maçon, se laissa entraîner par ses amis; mais bientôt, désabusé par les sinistres avant-coureurs de la révolution, et surtout par le prêtre vénérable et éclairé