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DANS LES AIPES. 233 Disparaissez, croix d'honneur et salaires. Le Val-d'Aostin sait borner ses souhaits ; Le seul honneur est l'honneur de nos pères. Ils ont parlé, nous parlerons français. Oh ! liberté de race piémontaise, Où sont les biens dont tu nous a dotés? Sous les tyrans nous parlions à notre aise, Et maintenant serions-nous garrottés ? D'un|œil jaloux, toi qui vois notre^langue, Pourquoi viens-tu nous intenter procès ? Va loin d'ici débiter ta harangue : Les Val-d'Àostins veulent parler français. Notre duché, sous un voile funèbre, Ne montre plus qu'un arrondissement ; Notre collège,fautrefois si célèbre, Semble toucher à son dernier moment ; Un crêpe noir obscurcit'notre église. Tout vient, hélas ! aggraver nos regrets : Parlons du inoins, parlons à notre guise, Et racontons nos malheurs en français ! C'est en regrettant vivement de ne pouvoir encore séjour- ner deux ou trois jours au milieu de cette intelligente popu- lation et de ces riches souvenirs, que nous regagnâmes l'hô- tellerie du Mont-Blanc, pour y reprendre notre véhicule et nous diriger sur Châtillon. — Vous avez changé de cheval, disons-nous à notre auto- médon ? — Certainement, Messieurs, et le nouveau est encore meil- leur que le premier. Il est bon de dire qu'en faisant marché avec lui, nous avions expressément stipulé que nous changerions de cheval a Aoste, une traite de dix lieues nous'semblant suffisante pour les forces du premier.