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220 DEUX ITINÉRAIRES
Bernard, eut l'honneur d'êire franchi par le héros cartha-
ginois, et de soutenir avec Melville, Wiekam, Cramer et
Brockedon, que le fameux récit de Polybe ne peut être appli-
. cable qu'au petit Saint-Bernard. Quoi qu'il en soit, des tra-
ditions vivaces et des ruines parlantes attestent la vraisem-
blance de cette opinion. Il existe près de l'hospice, sur le
plateau, un immense cercle composé de pierres brutes,
régulièrement disposées à trois mètres les unes des autres,
et profondément fichées en terre. Ce cercle embrasse un
espace de 260 mètres de circuit, environ, et s'appelle de
temps immémorial le Cirque d'Ânnibal. C'est la, toujours
suivant la tradition, que le vainqueur de Cannes aurait tenu
un immense conseil de guerre, avant de se précipiter sur
les plaines italiques. On affirme, en outre, que des ossements
d'éléphants ont été à diverses époques retrouvés dans le
sol.
Ce ne sont pas les seuls vestiges du passé qu'offre ce
plateau. Près du Cirque, on contemple aussi la colonne de
Joux (Jovis), énorme monolithe de cipoline, haut de sept
mètres, et du diamètre d'un mètre environ. Elle est sup-
posée d'origine celtique. Près d'elle encore, on aperçoit dis-
tinctement les fondations en briques romaines d'un temple
qui a dû être assez vaste.
En même temps que nous, se rafraîchissaient a l'hospice
le sous-préfet de la province d'Aoste, en Piémont, en com-
pagnie de plusieurs cavaliers et de dames fort aimables,
fort élégantes, et au type italien très-prononcé. C'était une
cavalcade pétillante de gaîté et d'entrain, a laquelle nous
dîmes cordialement un adieu plus prompt que nous ne l'au-
rions voulu, menacés que nous étions par l'approche im-
minente d'une tourmente, et le désir d'arriver à la Thuille
avant elle. Nous pressons donc le pas en admirant les
splendides échappées qui s'ouvrent déjà sur les glaciers du