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200                    BIOGRAPHIE POPULAIRE

   Alors il rentre sur la place par l'angle du corps-de-garde,
galope jusqu'à la statue, s'arrête et donne ses ordres au colonel
de service pour l'exécution des trois mouvements qui précèdent
le défilé-
    Une seule variante pouvait être faite au programme : quand il
y avait réception de nouveaux membres de la Légion-d'Honneur,
cette cérémonie remplaçait les trois mouvements de rigueur
avant le défilé.
    Oh ! ces jours-là. c'était fête pour le Maréchal ! Au centre du
parallélogramme formé par les troupes, à côté du drapeau tri-
colore, face aux élus et campé sur son cheval comme un cavalier
de vingt ans, Castellane lisait d'une voix vibrante la formule du
serment, et chacun des chevaliers, levant vers lui sa main droite,
répondait : « Je le j u r e ! » Alors le Maréchal mettait pied à terre
 et tirait son épée. Le corps rejeté en arrière, la tête droite,
le regard étincelant, il frappait de son glaive, sur chaque épaule,
 le récipiendaire, et lui disait : « Je vous fais chevalier ! » Puis il
 distribuait les insignes, et, l'un après l'autre, embrassait chaque
 officier, chaque sous-officier, chaque soldat r e ç u , comme un
 père embrasse son enfant.
   Que ce spectacle, qui a toujours profondément impressionné
les masses, ait fait ricaner quelques sceptiques ; que le souve-
nir de Bayard ait pu être évoqué en riant, c'est possible; mais
plus d'une larme, en pareille circonstance est tombée sur de
moustaches grises, et nous sommes tenté de dire, à ce sujet,
avec le poète:
                 « Malheur aux insensés qui rient ! »

   Le moment du défilé venu, commençaient pour les aides-de-
camp d'abord, pour le colonel commandant les troupes ensuite,
des difficultés réelles et qui n'étaient pas sans avoir aussi quel-
quefois leur côté comique. Il s'agissait, pour les uns, de placer
les jalonneurs; pour l'autre, d'amener la tête de colonne à la
hauteur précise du second arceau.
    Que le colonel fût nouveau dans la garnison ou qu'il fût an-
 cien, il recevait de Son Excellence cet ordre verbal : « Monsieur,