Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     DU MARÉCHAL CASTELLANB.                     197

    Le modeste gradé qui les commande paraît seul doué de vie et
 de mouvement. Il se retourne fréquemment sur sa selle avec
 inquiétude pour regarder en arrière et voir si on lui donne le
 signal dû départ. Il sait qu'il est responsable d'une consigne im-
 portante et qu'un certain nombre de jours de salle de police sont
 suspendus sur sa tête, comme l'épée de Damoclès. Ses yeux in-
terrogent un rang de quatre cavaliers qui doivent marcher immé-
 diatement après sa petite troupe. Ces derniers ne sont rien moins
que les aides-de-camp de S. E. M. le Maréchal Comte de Castel-
lane, Commandant du 4 e Corps d'Armée.
    On les reconnaît à leur plumet rouge et blanc, à leur pantalon
amaranthe à bandes d'or et surtout au respectueux silence de
la foule qui les entoure.
    — Une foule ! à midi ! au mois de juillet ! à Lyon ! ! ! !
    — Oui, une foule. Une véritable cohue comme aux jours de
mâts de cocagne et de feux d'artifice, ou aux illuminations de
l'Immaculée !
   D'Oullins, de Sainte-Foy, de Saint-Irénée, de Saint-Just, de
Saint-Clair, — car tout est saint sur la rive droite de la Saône
et du Rhône, — des Terreaux, des Brotteaux , des Charpennes,
de la Mouche, tout le monde est accouru.
   C'est dimanche et il y a parade à Bellecour.
   En ce moment la cour de l'hôtel du quartier général regorge
de généraux en grande tenue. Dans ia rue Sala, les officiers
d'état-major sont rangés botte-à-bolte vis-à-vis de la façade, à
droite et à gauche de l'issue par laquelle S. E. va sortir. La voie
est étroite et les chevaux de ces élégants militaires ont leurs pieds
de derrière dans le cassis et ceux de devant à deux mètres à peine
du mur. Devant eux, les badauds adossés à l'enceinte, regardent
bouche béante, ne sachant ce qu'ils doivent le plus admirer des
quadrupèdes caparaçonnés de drap et d'or ou de la chevalerie
empanachée qui les monte.
   Tout à coup, la garde d'honneur étant sous les armes, le tam-
bour bat aux champs. Lepavé de la cour retentit sous le sabot des
aristocratiques montures; le Maréchal apparaît sous le portail.
   Avec son bâton aux abeilles d'or, il fait un salut d'ensemble,