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176 DECHAZELLE. n'avait rien à envier dans son commerce, qui allait tou- jours croissant et auquel il ne pouvait suffire. Tout ce qui résulta de ces offres, c'est que le baron promit des commissions magnifiques et continues, sans prix limité, à condition que M. Dechazeile ne travaillerait que pour lui, et qu'il ne montrerait ses articles à personne. Ces propositions étaient trop avantageuses pour être refu- sées, et ce fut de là que data la fortune toujours crois- sante de l'habile fabricant. Sans cesse en contact avec son patron et son ami, il méditait et il imaginait avec lui les moyens les plus propres à faire des choses extraordi- naires. « Prenez, disait le baron, la soie, l'or ou l'argent à pleines mains, et faites-moi du beau. » Qu'on juge si un pareil langage devait produire un heureux résultat chez un artiste qui avait au plus haut degré le génie de la fabrique. M. de Geramb était d'autant plus au- torisé à le tenir qu'il était chargé exclusivement des ameublements de la cour de Russie. Dès lors M. De- chazeile, n'ayant plus à s'occuper du soin de satis- faire aux demandes des commissionnaires d'Allemagne, travailla sans interruption, dans le silence du cabinet, en faisant des chefs-d'œuvre ignorés de ses concitoyens ; en sorte qu'à Lyon on n'entendit plus parler de son ta- lent, tandis qu'en Pologne, en Russie, en Allemagne, on admirait ses plus beaux ouvrages. Ce qui contribua le plus à enrichir la maison de commerce de M. Dechazeile, ce furent les ceintures, imitées des Turcs, que portaient alors les riches Polonais. Ces étoffes avaient tellement le cachet oriental qu'il ne fut pas pas possible de s'aperce- voir qu'elles avaient été fabriquées en France. Pendant longtemps, M. Dechazeile s'occupa exclusivement de ces *•