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166 VOYAGE EN CHEMIN DE FER « public, qui doit régner solennellement pendant l'exé- « cution de cette grande mesure, est confié au zèle et au « patriotisme de la garde nationale et à |a sagesse du « peuple. Ceux qui le troubleraient sont les ennemis de « la république. » Grâce à cet emphatique proclamation, le fort Saint- Jean fut sauvegardé ; mais les officiers du génie, commis pour diriger les travaux, furent bientôt obligés de se re- tirer devant l'indiscipline des démolisseurs. Une immense quantité de gens de la campagne étaient arrivés, dans l'espérance d'un salaire élevé et facile à gagner. Le com- missaire du gouvernement, effrayé lui-même du désordre, publia un second arrêté : « L'empressement des citoyens « pour démolir les fortifications a amené à la Croix- « Rousse une affluence tellement considérable, qu'il y a « eu nécessité de suspendre ces démolitions pour empê- « cher les accidents. Les citoyens de la Croix-Rousse « qui ont réclamé la chute de ces fortifications, deman- « dent aujourd'hui l'honneur de les démolir eux-mêmes, « par dévouement à la république. Cette démolition ne « comportant que trois jours de travail pour deux cents « hommes au plus, il y a nécessité d'ouvrir ailleurs des « ateliers de travail. Ces ateliers seront incessamment « ouverts; déjà des mesures sont prises pour cela. Nous « invitons tous les citoyens de la campagne à retourner « à leurs travaux ordinaires : ils seront mieux rétribués, « et leurs frères de la ville pourront obtenir le travail « qu'ils réclament justement. » On se rappelle que, dans les ateliers républicains, on n'aimait pas à se donner beaucoup de peine : les trois jours nécessaires pour l'entière démolition durèrent si