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DE LYON A LA CROIX-ROUSSE. 157
paraissait devoir être le résultat de quelque légende ; mai
je me suis mis vainement à la recherche des traditions lo-
cales. Heureusement que la Croix^Rousse n'est pas ha-
bitée seulement par des industriels, et un érudit du quar-
tier m'a donné une très-raisonnable explication de cette
singulière appellation, commune à un grand nombre de
localités : elle vient probablement de via inferior, et
dans le cas présent ladite rue est en effet un peu en
contre-bas du terrain sur lequel repose l'église de Saint-
Denis. Toutes ces anciennes croix sont élevées dans des
carrefours : c'est que les imaginations populaires ont
toujours mis la scène du Sabbat à la rencontre des che-
mins, et il est à présumer que la destination de ces si-
gnes sacrés était de protéger les passants, contre les
malices du démon. On peut aussi penser que, dans l'anti.
quité, des cippes indicateurs de la direction des diverses
voies supportaient des idoles, ou des emblèmes quelcon-
ques du paganisme, et que le christianisme vainqueur
les remplaça par le symbole de sa victoire.
Les fortifications du plateau de la Croix-Rousse ont
établi une démarcation parfaitement limitée entre la ville
et le faubourg, et je vais faire l'histoire de ces vieux
remparts, qui ne séparent plus que le premier arron-
dissement du quatrième, en donnant au cours des Tapis
un aspect particulier.
Au commencement du XVIe siècle, lss murs de la
ville, de la Saône au Rhône, en passant par les hauteurs
de Saint-Just, étaient achevés, et ceux de la Croix-
Rousse, ou plutôt de la colline de Saint-Sébastien, res-
taient seuls à construire. Sous le règne de Louis XII,
en l'année 1512, les Français, après une série de désastres