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132 LITDRGIlî. ques, emportés par un zèle louable, mais qui n'excuse jamais l'insuffisance du savoir, se mirent également a l'œuvre. Les vieux manuscrits revirent la lumière ; secoués de leur pous- sière séculaire, ils durent tressaillir d'aise. On fouilla toutes les bibliothèques de l'Europe, du midi au nord , de l'est à l'ouest. Les manuscrits a notation boetienne n'existaient plus ou 'a peu près : le zèle carlovingien en avait fait bonne justice; on se garda bien de demander quelque chose aux livres ambrosiens ou mozarabes échappés a la destruction des fanatiques ultramontains. On ne trouva partout que des neumes; leur nombre, leur variété, leur différence, selon l'écriture des nations auxquelles ils appartenaient, étaient faits pour épouvanter les plus courageux ; il n'en fut rien; nécessité fait loi. Les neumes étant intraduisibles, on eut recours aux livres guidonniens ; on reconstitua les modes sans prendre souci du dire d'Athénée ; on rechercha XAlléluia de Pâques dans les manuscrits du douzième, du treizième et du quatorzième siècles, dont la notation diffère peu de celle d'aujourd'hui ; on plaça des neumes au-dessus, et plusieurs eurent l'audace de s'écrier : Nous avons traduit les neumes ! On reprochait aux évoques gallicans d'avoir coupé des chants, d'avoir mutilé des mélodies qui rendaient les exi- gences des offices religieux inconciliables avec celles de la vie sociale. Qui donc a mission de discipliner le troupeau, si ce n'est le berger ? Il fallait un prétexte à la querelle, c'est celui-ci qu'on choisit d'abord. Depuis on a bien changé, et naguère vous avez pu lire que les livres liturgiques lyonnais étaient anti-canoniques et hérétiques, malgré l'approbation expresse de deux papes : Paul V et Grégoire XVI. Le zèle des traducteurs de neumes ne connaissait point de limites; il semblait que chaque signe fût un dogme. Gela ne dura pas. Le père Lambillotte, le premier, fut épouvanté