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                               LITURGIE.                           133

. de la longueur de son livre de chant ; il se donna le droit de
   couper et retrancher ce qui lui semblait trop long. Ses ad-
   versaires ne manquèrent pas de le lui reprocher ; mais voilà
   qu'à leur tour, quand leur travail est achevé, ils voient que
   les mélodies grégoriennes sont d'une lon-gueur excessive.
   Que taire?... Couper, comme le révérend jésuite, c'était
   donner raison à son procédé ; on imprima tout ; seulement,
   deux astériques indiquaient aux chantres les passages qu'ils
   devaient omettre. Quelques savants laïques se mirent éga-
  lement à l'œuvre ; tous s'arrêtèrent devant l'impossibilité de
  traduire les neumes. Il suffit, du reste, de lire la préface du
   Graduale romanum de la Commission de Reims, publié
  chez Lecoffre, à Paris (1), pour se convaincre que la Com-
  mission elle-même a dû admettre l'impossibilité de cette tra-
  duction ; il fallut définitivement s'en rapporter aux manus-
  crits du moyen-âge. Or, vous savez, Messieurs, ce qu'était
  devenu le chant religieux, grâce à la mnémonie neumatique.
  Il y aurait encore à parler des méthodes rhythmiques suivies
  dans la restauration des mélodies dites grégoriennes. La
  prose,,on le sait, mise en musique, ne saurait admettre
  d'autre rhythme que celui qui résulte naturellement de la
  quantité prosodique des textes liturgiques -, il suffit, pour
  arrêter son opinion, d'analyser l'un des modes sur lesquels
  les psaumes se chantent, et l'on se convaincra qu'une
  phrase musicale, composée d'une, intonation, d'une média-
  tion et d'une terminaison, avec la faculté de mettre plus ou
  moins de syllabes sur la dominante, est essentiellement des-
  tinée et appropriée aux prières en prose. Les restaurateurs
  grégoriens ont confondu toutes ces choses, les entremêlant
  avec les théories rhythmiques des Huebald de Saint-Amand,
  des Jean Cotton, Gui de Chahs, Francon de Cologne, du

   (1) Graduale romanum, préface. Paris, Jacques Lecoffre, 1860.