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UTURGIE. 125 envoyé par l'empereur, c'était pour y créer des écoles de chant romain; la grammaire, la lecture et le calcul n'étaient qu'en sous ordre ; vous admettrez facilement, messieurs, que l'Eglise de Lyon qui florissait depuis de nombreux siè- cles déjà , n'avait pas attendu une créature de Charlemagne pour se doter d'institutions aussi essentielles. C'est incon- testablement pour remplir la mission destructrice des litur- gies gallicanes, que cet évêque fut envoyé à Lyon. Ses ef- forts," néanmoins, ne furent pas plus heureux que ceux de son maître a Milan ou en Espagne. Les chrétiens unis dans la foi et dans le dogme résistaient partout quant à la liturgie, parce que celle-ci tient aux coutumes nationales, aux con- ditions de climat et de tempérament, en un mot, a tout l'en- semble de la civilisation des divers peuples. Sans aucun doute, en associant son fils a l'empire, Char- les l'associa à ses desseins de réformation liturgiques; aussi, ce que j'appellerai la persécution à cause des liturgies ne fit- eJle que s'accroître. Malgré tant de zèle, la musique était morte dans l'Eglise ; la confusion des semeïographies si grande, qu'elle pouvait se comparer à celle qui causa la dispersion des peuples primitifs. Dureste, l'an mille approchait, date fatidique. Selon les écrivains religieux de l'époque, on s'attendait a la fin du monde : depuis longtemps on se préparait a cette catastro- phe finale. L'Eglise y préparait les fidèles, les poètes et les chantres profanes y préparaient le vulgaire. En effet, d'après l'histoire delà musique, cette époque est très-sombre. En lisant les manuscrits qui nous restent de ce temps, on sent comme un frisson involontaire qui glace le cœur, et ne laisse à l'esprit que les terribles images de l'Apocalypse. Avec les poètes profanes, nous lisons le chant de la Sy- bille sur le jugement dernier :