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126                          LITURGIE.


             VERSUS SIBILLE DE DIE JUDICII.
           E coelo rex adveniet, per secla futurus,
           Scilicet in carne prsesens ut judicet orbem.
                    Judieii signum.

   Dans cette œuvre poétique, belle entre toutes, nous trou-
verons la peinture vraie des misères et des passions de tous
les temps ; le « Judieii signum » sonnera a notre oreille
comme le glas funèbre de l'univers humain. Avec le poète
religieux, nous dirons la prose restée au livre de chant de
saint Martial de Limoges :
                      Dies iras, dies illa;
                    Dies nebulae et caliginis ;
                    Dies tubœ et clangoris ;
                    Dies luetus et tremoris ;
                    Quando pondus tenebrarum
                    Cadet super peccatores.

   « Jour de colère que ce jour. — Jour d'obscurité et de té-
nèbres. — Jour de tonnerre et de glapissements. — Jour de
deuil et de terreur. — Quand le poids des ténèbres tombera
sur les pécheurs. » J'en pourrais citer encore, mais je m'ar-
rête. La première aurore du XIe siècle dissipa ces folles
terreurs, et le soleil lumineux et chaud détacha dans ses
premiers rayons le signe de l'éternelle alliance. De toutes les
peintures du dernier jour, il ne nous reste qu'une prose ma-
gnifique que l'Eglise chante le jour des Morts.
   Ces préoccupations finales avaient certainement affaibli le
zèle liturgique des successeurs de Charlemagne, mais n'a-
vaient pas empêché la confusion du chant de s'accroître en-
core, si toutefois cela était possible. Quoi qu'il en soit, il est
certain qu'au commencement du XIe siècle, la science et la
tradition du chant étaient sinon perdues, du moins, bien-près
de l'être.