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124 LITCRGIE. s'ouvrirent d'elles-mêmes avec grand fracas. 0 merveille! les deux livres étaient non seulement ouverts, mais les feuil- lets du livre grégorien avaient été violemment arrachés et dispersés par toute l'église. Charlemagne se fit alors l'inter- prète du Seigneur. « Dieu veut, s'écria-t-il, que le rite ambro- « sien soit conservé aux Milanais; mais, de même,que les feuil- « lels du livre grégorien sont épars dans cette basilique, de « même, Dieu veut, que ce rite soit répandu dans toute la ehré- « tienté » (1). Le tumulte s'appaisa, et, grâce a cette subtile interprétation de la volonté divine, le grand Charles et sa petite troupe purent quitter Milan et repasser les monts. III. Malgré le peu d'influence du miracle de Milan, Charle- magne ne se découragea point. Dès son retour dans l'em- pire dont le pape Léon III venait de le sacrer empereur, il organisa, pour ainsi dire, une croisade contre les liturgies gallicanes et celles d'Espagne. Son pouvoir n'allait pas jus- qu'à se mêler des textes liturgiques ; mais, puisant toute sa force d'action dans l'esprit envahissant de Rome, il voulut ramener a l'unité les Eglises de la Gaule, de l'Espagne et de l'Allemagne. A Lyon, il envoya l'évêque Leydrade, qui lui écrivait quelques temps après : « J'ai ici des écoles de « chant où la plupart des élèves se sont si bien instruits, « qu'ils pourraient à leur tour former d'autres disciples. »(2) Un mot en passant sur Leydrade. Plusieurs écrivains lyon- nais devant la science et le talent desquels je m'incline, m'ont toujours paru exagérer singulièrement (au point de vue liturgique s'entend), la valeur de cetévêque. S'il vint a Lyon, (1) Landulphe, Antiquitates Italiae, t. IV, p. 831. (2) Bona. Quale fuerit olim ecclesiastici cantus studium, cap : XX.