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LITURGIE. 123
pitulaire, dressé en 789, a Aix-la-Chapelle, Charlemagne ex-
prima l'acte souverain, par lequel Pépin avait voulu suppri-
mer l'office gallican. Malgré ce zèle ardent, les mélodies
grégoriennes, celles des antiphonaires d'Etienne II et de
Paul Ier, étaient entièrement corrompues. L'Empereur solli-
cita de nouveaux chantres ; le pape lui en envoya deux avec
une copie de l'antiphonaire grégorien. L'un des chantres
mourut delà fièvre au monastère de Saint-Gall, l'autre arriva
jusqu'à Metz, où il composa des séquences qui portent le
nom de cette ville.
Après son couronnement comme empereur d'Occident,
le zèle de Charlemagne pour la propagation cte la liturgie ro-
maine devint excessif. D'après Durand de Mende, il ordonnait,
dans toutes les provinces où il passait, de brûler les livres
liturgiques anciens pour adopter les livres nouveaux ; il y
contraignait les ecclésiastiques récalcitrants par des me-
naces, et même par des supplices. Ce zèle faillit lui être fatal.
Passant par Milan, à son retour de Rome, il résolut de dé-
truire la liturgie ambrosienne ; les murmures de la popula-
tion, l'attitude du clergé, la faiblesse de son escorte, l'en-
gageant a-la prudence, il en appela au jugement de Dieu. Un
jeûne et des prières furent ordonnés, afin d'obtenir de Dieu
une manifestation en faveur de l'un des deux sacramentaires;
les livres ambrosiens et grégoriens, liés et scellés, furent
solennellement déposés sur l'autel de sainl Pierre; défense
formelle d'y toucher fut faite ;„pour plus de sûreté, les portes
de la basilique furent soigneusement fermées. Naturellement,
le livre qui serait trouvé ouvert devait avoir la préférence.
On jeûna, on gémit, on pria pendant trois jours; au bout de
ce temps on vint consulter le Seigneur. Hélas !... rien n'était
changé. On pria de nouveau, on redoubla les mortifications
et on fut plus heureux. Charlemagne se présenta, précédant
la foule et le clergé, devant les portes de l'église qui, soudain,