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S4            POÉSIE SATIRIQUE BU XVIe SIÈCLE.
            Il en est temps; ne perdez corps et âme.
            Son vous reprent, c'est signe qu'on vous âme.

   Cette terminaison est quelque peu hypocrite. Les dévotes
parisiennes n'ont pas fait preuve d'une grande affection pour
les Lyonnaises dans tout le cours de cette diatribe, et leur
noire malice affecte en vain de se déguiser sous l'apparence
de la charité chrétienne. Mais nous verrons que nos compa-
triotes du seizième avaient bec et ongles pour se défendre et
qu'elles n'étaient ,pas moins bien douées en esprit qu'en
beauté. C'est ce que va prouver :


  La Responce faite par les dames de Lyon aux dames de
Paris, sur la Rescriplion des Parisiennes.
            Bon jour vous, soict donné, Parisiennes,
            Ou bonne nuyct, lequel que mieux amez.

   Voilà, certes, une bienvenue épigrammatique qui sent son
vieil esprit gaulois, cet esprit de bon terroir, chaud et mor-
dant, qui ne recule pas devant une verte allusion. Je con-
nais peu de vers de nos anciens poètes, môme parmi les
pins célèbres et les plus souvent cités, qui dépassent ceux-ci
en finesse cl à-propos. — Ah ! vous nous reprochez nos fa-
çons galantes et nos libres allures, ô bonnes preudefemmes'.
mais nous savons fort bien que, si vous passez vos journées
au prêche et à confesse, .vous vous dédommagez à d'autres
heures d'une vertu de commande! Aussi faut-il vous souhai-
ter peut-être, non pas le bon jour, mais la bonne nuit.—
N'est-ce pas un trait délicieux de malice?
            Toujours tenez vos façons anciennes
            Et tranchez fort des rétoriciennes.
            Quant voz escripts jusqu'à Lyon semez,
            Moult âprement vou? tranchez et blâmez.
            Mais à docteur siet mal autruy reprendre
            Quant il y a sur sa vie à reprendre.