page suivante »
12 JOUFFROY. une époque fort ancienne une galère de grande dimension, ayant coulé en cet endroit, n'avait jamais pu être relevée, et que les navires d'un fort tonnage n'enlraienl dans le port qu'en s'exposanl à de graves avaries ; depuis deux ans, on s'efforçait d'enlever les plais-bords de la galère pour abaisser d'autant la profondeur de la mer, mais les résultats de ce pénible travail étaient insignifiants. Jouffroy, médi'ant sur les moyens de dégager fenlrée du port, oublia son bu- reau et n'y rentra que trois heures plus lard que de coutume -, le commissaire d'abord inquiet, puis mécontent, le menaça de le renvoyer au régiment; mais il fut apaisé lorsque son secrétaire lui eût expliqué qu'il se faisait fort de mettre à flots la galère tout entière en un mois et à peu de frais, à la seule condition qu'après la réussite on lui accorderait son congé déflnilif du service militaire. La société des soldats, la balle dans la cuisse, le séjour a l'hôpital et l'attente pro- longée des galons de caporal avaient singulièrement refroidi l'ardeur martiale du conscrit de 1804. Les autorités de la ville et le commandant du port repous- sèrent d'abord comme une mauvaise plaisanterie la propo- sition du jeune soldat ; ce ne fut pas sans peine que le commissaire obtint qu'on l'entendît et qu'on mît à sa disposi- tion les ouvriers et les objets nécessaires. Dès le lendemain, Jouffroy était à l'œuvre ; le moyen qu'il avait conçu consis- tait à entourer la coque de la galère submergée, au-dessous de la ligne de flottaison, d'un fort câble auquel seraient fhées des poulies de deux en deux mètres de distance, afin d'y amarrer des'barriques vides, en quantité suffisante pour faire contre-poids. Lorsque la galère commença à se déta- cher du fond de la mer, le travail ayant été suspendu, les autorités et les notabilités de la cité furent convoquées pour assister à la mise à flots ; la population entière accourut sur les quais et la mer se couvrit de gondoles. Jouffroy avait