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JOPFFROY. 11 service et dans le village il n'y avait aucun ouvrier capable de les réparer. Le major demanda si parmi les conscrits il ne se trouvait pas un luthier ou tourneur pouvant se charger des réparations; Jouffroy ayant été désigné, le capitaine de la musique recul l'ordre de s'entendre avec le tourneur de chaises pour la location des outils et la fourniture de tout ce qui serait nécessaire. Le dimanche suivant, les instruments remis à neuf firent, entendre des sons harmonieux, le major félicita Jouflroy devant le régiment et lui promit les galons de ca- poral 5 la première bataille, s'il se montrait aussi brave soldat qu'habile ouvrier. La campagne de 1805 s'ouvrit bientôt, le 106e eut à combattre a l'avant-garde, Jouffroy s'y distingua par son courage et reçut une balle dans une cuisse. Il était à l'hôpital de Palma-Nova depuis plusieurs mois, lorsque M. de Mazade, commissaire ordonnateur, pas- sant la revue de l'hôpital, s'informa s'il n'y avait pas quel- qu'un des convalescents sachant écrire correctement; tous les malades exclamèrent à la fois que Jouffroy écrivait toute la journée et qu'il devait être fameusement habile. Dans ce moment Jouffroy, 'accroupi sur sa couchette, trapait des courbes et avait autour de lui des feuilles de papier couvertes de formules algébriques ; la proposition qui l'éloignait de la société des soldais fut acceptée par lui avec empressement. Le commissaire voyant un jeune homme de famille, d'une éducation distinguée, le fit placer dans son cabinet, l'admit à sa table et lui accorda sa confiance. Quelques mois après, la paix de Presbourg donna Venise à l'empereur, le com- missaire, appelé dans celte ville, y emmena son secrétaire qui fut heureux de pouvoir visiter les beautés artistiques de la reine de l'Adriatique. Un jour, à l'entrée du port, Jouffroy considérait une ving- taine de plongeurs, rapportant de temps en temps du fond de la mer quelques minces débris de bois ; on lui apprit qu'Ã