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10 J0UFFROY. dans sa mémoire comme la pieuse légende de loyaux che- valiers se dévouant pour délivrer la pairie des monstres qui déchiraient son sein ; aussi, lorsqu'il reçut un brevet de sous- lieutenant à la suite dans l'armée de Condé , brevet signé des frères du roi, contresigné par le comte de Mirabeau et par le maréchal deBroglie, celle distinction honorifique lui parut le plus beau titre de noblesse et lui inspira une ardeur nou- velle au travail. Ses progrès furent si rapides, que son édu- cation aurait pu être terminée en quatre ou cinq ans ; néan- moins, en continuant d'étudier pendant dix ans, il apprit avec plus de fruit qu'on ne le fait généralement les langues latine, grecque , allemande, anglaise, italienne, ainsi que la littérature, l'histoire et les mathématiques. En 1802, il revint dans sa famille rentrée de l'émigration et retirée au chûleau d'Abbans, préservé de lu confiscation par un parent resté en France. Achille Jouffroy atteignait alors sa dix-septième année ; initié par son père aux travaux mécaniques, il apprit à tourner, à forger, à polir, a manier toute sorte d'outils avec l'adresse des ouvriers les plus habiles ; c'était, à la fois, un délassement agréable, un exercice salutaire, un appren- tissage utile qui développaient ses dispositions aux inven- tions mécaniques dont un auteur doit pouvoir exécuter lui- même les modèles. La conscription de 1804 vint l'arrrachcr à ces occupations, il en éprouva un vif chagrin, mais l'idée d'aller défendre son pays adoucit les regrets de quitter sa fa- mille. Il rejoignit le 10GC d'infanterie de ligne cantonné dans les états vénitiens, traversa rapidement l'école de soldat et de peloton ; puis, moins assujéli, il employait les moments de loisir chez un tourneur de chaises et de tujaux de pipes pour lequel son adresse était une bonne fortune. Un dimanche, à l'inspection, la musique du régiment ne se fit pas entendre, les instruments étaient presque tous hors de .