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           OC BIBLIOGRAPHIE DE LA VILLE DE LYON.                37
verte par le produit des adjudications. Je ne crains pas de l'af-
firmer avant l'événement ; la vente au détail de la partie lyon-
naise de la bibliothèque de M. Coste , nécessitera une dépense
très-considérable, gênera la vente des livres vraiment précieux,
et n'aura pour résultat définitif qu'une immense déception.
   Mais des considérations d'un ordre plus élevé dominent la
question de chiffre ; je voudrais les aborder franchement,' et ne
blesser, toutefois, aucune susceptibilité, aucune convenance.
   On le sait, pendant les douze ou quinze dernières années de
sa vie, M. Coste n'a cessé de parler de son projet bien arrêté de
donner à la ville sa Bibliothèque lyonnaise ; sa mémoire est donc
engagée ; il y a dette d'honneur. Quand un homme si distingué
prend de son vivant, très-souvent et en toute liberté un enga-
gement semblable en face de ses concitoyens, sa parole ne peut
pas être vaine. Disons plus, elle a été acceptée comme une réa-
lité. Des livres, des autographes, des pièces rares ont été don-
nés à M. Coste par diverses personnes (j'en pourrais citer une),
sous la pression de cette pensée que, donner à M. Coste c'était
donner à la ville. M. Coste a été reçu membre de l'Académie
de Lyon très - expressément en considération du patriotique
dessein qu'il annonçait si volontiers ; il a joui pleinement pen-
dant sa vie de l'estime et de la popularité qui sont promises aux
bienfaiteurs de la cité, ne devait-il rien en retour, et n'y avait-
il pas contrat tacite ? Oserait-on dire .que M. Coste n'était pas
sincère et qu'il s'engageait à plaisir avec l'intention secrète de
ne pas tenir sa promesse ?
   Venons au fond de la question ; après la révolution du 24 fé-
vrier 1848, peu confiant dans la stabilité et dans l'esprit de con-
servation de nos institutions nouvelles , M. Coste a révoqué un
testament dans lequel il léguait à la ville la partie lyonnaise de
sa bibliothèque. Ce n'est pas tout encore ; l'année suivante, il
institua un légataire universel, et ne fit aucune disposition par-
ticulière pour ses collections de livres. Ainsi l'héritier est par-
faitement libre, son droit est entier et absolu, s'il donne, il en
aura tout le mérite, car il ne doit rien, mais Sa responsabilité
morale de M. Coste, le bibliophile, est-elle moins évidente ? Pos-