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LA COUSINE BRIDGET. 177 qu'Arthur était un enfant illégitime, ne voulait plus entendre parler de leur mariage. Ils ne devaient plus jamais se rencontrer! — Une scène bien douloureuse suivit. Ce que je possédais de meilleurs sentiments se réveilla en moi : je m'efforçai de la consoler. Je lui dis qu'à sa place, résolue à demeurer fidèle à la promesse donnée à mon amant, je déclarerais cette intention à mon père. La pauvre Agatha frissonna à cette pensée. Elle était trop douce, trop docile pour désobéir aux injonctions pa- ternelles. » Ici Minna mit sa main sur celle de la vieille dame et la pressa doucement. « Je ne puis m'en défendre, Minna, cette histoire me donne de l'amertume; mais, à cause de vous, je veux essayer de continuer. « Arthur ne revint plus. Ce fut un soulagement pour moi, je puis l'avouer, quoique je souffrisse réellement pour Agatha et que je fusse étonnée de la tranquillité avec laquelle elle supportait cette épreuve. « Une semaine ou deux s'écoulèrent. Un soir que toute la famille s'était retirée pour se livrer au repos, ne pouvant dormir, je descendis à la bibliothèque chercher un livre. En descendant l'escalier, je crus entendre des voix. Je m'arrêtai pour écouter. — Le bruit venait de la bibliothèque. J'ouvris la porte avec beau- coup de précaution et une petite lampe sur la table montra à mon regard étonné les figures d'Arthur et d'Agatha. « Ils étaient trop absorbés pour m'entendre ouvrir la porte, et je pus assister inaperçue à leur conversation. J'en remercie le ciel ! « Oh ! que d'infamie dans cet homme que j'avais tant aimé ! « La simplicité de ma sœur fut bientôt prise au piège qu'il lui tendait, et déjà il passait son bras autour de la taille d'Agatha en disant : — Venez, mon amour, prenez votre chapeau et votre manteau; la voiture est à l'extrémité du bosquet. « Mon Dieu ! ces mots retentissent encore à mon oreille !— Je m'élançai et je mis la main sur son bras. Agatha poussa un 12