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38                     HISTOIRE LITTÉRAIRE
térieurement à son dernier testament, en 1850, et même en
1851, peu de semaines avant sa mort, M. Coste n'a-t-il pas ré-
pété ses promesses ? mon dernier entretien avec lui n'a pas eu
d'autre sujet. Est-ce parcequ'elle avait démérité, que la ville de
Lyon a été deshéritée ? non sans doute. Mais peu sympathique à
la république, malade, obsédé, dit-on, par une inintelligente et
malfaisante influence, enfin naturellement irrésolu, M. Coste, au
moment suprême, n'a pu se décider à prendre un parti. A-t-il
donc dégagé sa parole ? aimait-il moins la ville de Lyon ? et ne
lui devait-il rien ? non, sans doute.
    Le mal ne serait pas irréparable si la ville pouvait acheter,
mais sa dette énorme ne le lui permet pas. Si elle ne succombe
pas sous le fardeau, c'est grâce à l'habileté financière et à l'é-
conomie obligée de son maire.
    Et cependant cette bibliothèque qu'on va prostituer au crieur
public contient l'histoire de notre cité tout entière ! Et cepen-
dant les documents inédits qu'elle renferme en si grand nombre
 devaient servir à rectifier une multitude de points encore peu
 connus de nos annales. Et cependant elle est riche en cartulaires,
 en diplômes, en chartes, en manuscrits dont l'étude aurait jeté
les plus vives lumières sur la condition politique de nos pères au
 moyen âge ! Et cependant on y compte par milliers des écrits qui
 fourniraient des matériaux neufs et précieux au tableau des let-
 tres, des arts et de l'industrie dans notre cité, à l'histoire encore
 à faire, de notre fabrique d'étoffes de soie, à la statistique du
 département du Rhône ; enfin à toutes les parties de ce vaste
 ensemble de faits dont se composent les annales de Lyon ! Quand
 il s'agissait de préciser une date, d'éclairer une question dou-
 teuse, d'aller à la recherche d'un nom ou d'un événement ignoré,
 on avait recours à la bibliothèque de M. Coste ; elle était là, tou-
 jours prête à bien répondre à ceux qui savaient l'interroger. Mais
 bientôt cet inépuisable foyer de lumières qui a rendu tant de ser-
 vices, sera pour jamais éteint ! Lyon est menacé de perdre un
 de ses établissements le plus utiles, une de ses gloires, un de
 ces monuments précieux qu'on n'apprécie bien que lorsqu'on ne
 les a plus.