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                          DE LA SAONE.                          297
de la Saône est fort recherché. C'est une espèce de poisson
eunuque ou mâle impuissant dont l'impuissance favorise le dé-
veloppement. M. de la Tourette qui a publié des Observations
sur le carpeau dit que celui de la Saône est le plus recherché.
Suivant lui, les gros carpeaux de cette rivière pèsent de 8 à
10 livres, et, de son temps, on les envoyait généralement à Paris
où ils se payaient, dit-il, jusqu'à 10 louis.
   « Le sable de la Saône est souvent parsemé de petits coquil-
lages, chargés d'une petite broderie rouge sur un fond blanc :
c'est une nérite (nérita fluviatilis. Linn.) Beaucoup de moules
inutiles sillonnent les bords de l'eau, et les vers ou plus propre-
ment les larves qui donnent les espèces différentes d'éphémères,
criblent la terre. Le même jour qui éclaire à la fois leur seconde
naissance ou leur métamorphose, leur hymen ou leur ponte, les
ensevelit dans l'eau où les poissons les attendent et s'en engrais-
sent. (Statistique du département de l'Ain, par M. Bossy,
page 209. »
   Parmi les oiseaux de la Saône, il y en a qui y résident constam-
ment ; d'autres n'y viennent que passagèrement.
   Au nombre des premiers sont la poule d'eau, le plongeon, la
foulque ou morelle, le canard sauvage, la sarcelle, le martin-
pêcheur au plumage diapré, etc.
   Parmi les oiseaux de passage, l'on remarque notamment la
grue, la cigogne, le héron, le grèbe, le harle, le bécasson, le che-
valier, la guinette, l'alouette de mer, le cincle, le courlis, le
vanneau, le pluvier, l'hirondelle de mer, etc.
   Outre ces divers oiseaux dont l'apparition est à peu près ré-
gulière, les grands froids et peut-être des combinaisons de
saisons et de température amènent quelquefois sur la Saône et
sur nos étangs des oiseaux rares et qui n'y demeurent qu'autant
que durent les causes qui les y ont apportés. Ainsi le cygne et
l'outarde apparaissent dans certaines années, quand le froid est
très rigoureux. Suivant ce qu'on rapporte, on y aurait vu aussi
la sarcelle rouge et noire ou religieuse de la Louisiane, le canard
à collier de Terreneuve, et jusqu'à l'ibis, cet oiseau auquel jadis
la reconnaissance publique éleva des autels.