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DE L'ENSEIGNEMENT, ETC. 483 à l'autre, quant au fond même de leurs doctrines, les adversaires qui se disputent le droit de former l'intelligence des jeunes géné- rations restent d'accord et sur les méthodes d'instruction et même en définitive sur le système entier de la pédagogie. Tous les anciens vices de l'éducation scolaire ont été respectés. Bien des esprits cherchent vainement quelle peut être la différence si radicale entre le mode d'instruction et le régime d'un petit sémi- naire et ceux d'un lycée ; ils ont vu exister partout au même degré, tout ce que présente de déplorable la façon de traiter l'intelligence, le cœur et le corps des enfants, depuis la fonda- tion des collèges. Tous ces vices, qui concourent, pour leur part, à la décom- position de la société française, semblent être passés en force de chose jugée. La plupart s'accordent si bien avec le courant ré- volutionnaire qui nous emporte, que rien ne peut s'élever contre eux dans la société actuelle, si ce n'est la conscience des hommes qui ont réfléchi sur l'éducation, avec un esprit indé- pendant et sainement conservateur. Entre les mille problêmes sur lesquels auraient voulu s'édi- fier ceux qui se préoccupent de la jeunesse avec désintéres- sement et simplement avec le cœur du citoyen, aucun n'a été abordé de ceux-là même qui se rattachent étroitement aux principes dont l'un ou l'autre des deux corps rivaux semblait le gardien le plus naturel. Les adversaires de l'enseignement laïque ont-ils paru s'aper- cevoir que, malgré l'esprit religieux qui les anime, le même levain révolutionnaire et payen fermente sur les bancs qu'ils surveillent, excité par les mêmes auteurs, les mêmes pages, les mêmes commentaires traditionnels, répétés dans toutes les chaires de la vieille rhétorique ? Avec des doctrines littéraires exactement semblables dans les deux enseignements, l'esprit d'ironie s'empare de l'enfance faite pour l'admiration et le respect. C'est à la recherche complaisante du laid et du ridicule, à l'esprit de moquerie que sont dressées les jeunes âmes par l'éducation classique. Depuis les fables de Lafontaine jusqu'aux satires plus innocentes de Boileau, c'est la critique et le persi-