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74                BÉRANGER ET PIERRE DUPONT.
biographie se glissait partout ; comment M. Dupont_ aurait-il
résisté à cette mode. Il y a si peu résisté que nous retrouvons,
dans la jeunesse d'Emmanuel, tous les traits de la sienne.
Cette enfance, .passée dans un presbytère, sur les bords de la
Saône, est précisément celle de M. Dupont. Il a été, en effet,
élevé par le curé de Rochetaillée, son oncle. Plus tard, il entra
au petit séminaire de l'Argentière ; tous les souvenirs de cette
éducation, moitié cléricale, moitié champêtre, remplissent son
poème ; nous les retrouvons même un peu transformés dans
ses chansons ; mais il y a moins loin qu'on ne le suppose du
poète des Deux Anges au poète des Louis d'or.
   Voici, en quels termes, M. Dupont nous fait assister aux
occupations de la première enfance d'Emmanuel :
            Il faisait, de son temps, un chaste et saint emploi;
           Pareil à ces enfants qui, dans l'ancienne loi,
           Pour se concilier le peuple par l'exemple,
           Obéissaient longtemps et servaient dans le temple,
           Avant de commander aux enfants d'Israël.
           Il menait chaque jour le vieillard à l'autel,
           Puis le reconduisait jusqu'à son humble stalle.
           Les doigts purs, comme ceux d'une antique Vestale,
           Soignaient le luminaire; il embrasait l'encens,
           Tenant toujours les yeux abaissés et décents.
           Par un charbon tombé de l'urne balancée,
           Il eût senti sa main légèrement blessée,
           Qu'il fût resté muet. Par sa seule pâleur,              *
           Cet autre Mutins eût trahi sa douleur.
   Ce souvenir du De viris illustribus peint au naturel l'écolier
et l'enfant de chœur. Il y a, chez M. Dupont, un certain fond de
naïveté et de fraîcheur très sensible, et non encore tari au-
jourd'hui.
   Avant d'en finir avec les Deux Anges, je veux encore mettre
sous les yeux du lecteur un fragment qui, à défaut d'autres
qualités, présente, pour nous autres Lyonnais, un intérêt local :
il s'agit de Fourvières .-
          Fourvières ! doux coteau, dont les sommets bénis
          Sont, aux cœurs affligés, ce que sont les doux nids