Revue du Lyonnais » série 2 - n°3 ( 1851 ) » pp.188

188                   LA COUSINE BRIDGET.
—Par moments, l'air apportait les cris joyeux d'enfants qui, au
retour de quelque longue promenade après la chaleur du jour,
regagnaient le logis paternel. Les habitants des cottages avaient
quitté leurs petites chambres chaudes et fermées pour la fraîcheur
de leurs petits jardins, et, çà et là, on voyait quelque homme
appuyé contre sa porte, les mains dans ses poches, et occupé à
fumer, pendant que sa femme babillait par dessus la palissade.
Ailleurs, le mari arrosait ses fleurs et la femme les attachait aux
tuteurs , et, durant ce temps, quelque jeune couple causait à
voix basse sous le porche. Dans tous les jardins, enfin, il y avait
quelqu'un qui jouissait de cette délicieuse soirée.
   La pauvre Peggy marchait silencieuse et triste à côté de Minna.
Mais Minna, elle, avait pour tous un sourire et un regard bien-
veillants. Elle n'oublia pas, en passant devant le cottage du vieux
Barnett, désinformer de sa petite fille, 11 branla la tête et, mon-
trant le ciel encore bleu, il dit :
   — Bientôt là haut ! — Bientôt.
   Arrivée chez M.ss Mallet, Minna entra la première dans la
boutique où elle trouva Janey assise et endormie, la tête sur le
comptoir; et, tout à côté d'elle, dans sa cage, le sansonnet qui
la contemplait de son Å“il unique, en disant bien bas, comme s'il
eût craint de la réveiller, et pourtant comme un encouragement
à des temps meilleurs et une preuve qu'il la protégerait toujours :
   — Jack est bien sage.
   Les yeux de Janey étaient gonflés et rouges de larmes, ce qui
fit connaître à Minna qu'on s'était vengé sur la pauvre fille de
l'absence de Peggy.
   — Ne la troublez pas, Peggy ; nous trouverons bien votre
mère, ma pauvre fille.
   Et, ouvrant la porte vitrée qui conduisait au petit salon, Minna
entra, avec Peggy, dont les sanglots avaient recommencé, dans
la crainte que, pour la première fois, elle ne fut en disgrâce
auprès de sa mère, car il n'y avait pas possibilité, dans cette
occasion, de rejeter la faute sur Janey. Malgré ses instances,
Minna avait maintenu sa volonté de dire toute'la vérité.
   — Eh bien! vous voilà enfin revenue, Miss Peggy, vous voilà I